[32] Milan - Sampdoria

Le calvaire de la Sampdoria

La roue tourne parfois très vite en football. Demandez à la Sampdoria, quatrième en mai dernier et qualifiée pour le tour préliminaire de la C1, mais aujourd'hui méconnaissable, au bord de la relégation (17e). Comment a-t-elle pu tomber si bas, en si peu de temps surtout ? Plusieurs facteurs expliquent ce retournement de situation, notamment des erreurs de gestion, qui ont plombé la saison des Blucerchiati. Ces derniers ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes, le n°2 du club et fils du président Garrone ne s'en cache pas : «Nous avons échoué, comme ça arrive souvent à ceux qui sont amenés à agir dans la précipitation, disait-il en mars dans un communiqué adressé aux supporters. Nous en prenons acte et nous chercherons à ne pas répéter ces erreurs dans la mesure du possible pour que notre projet aille de l'avant».

En acceptant de céder son coach Luigi Del Neri à la Juve, le président Garrone a tout déclenché.

Le départ de Luigi Del Neri, l'entraîneur qui avait permis à la Doria de retrouver la plus prestigieuse des compétitions européennes pour la première fois depuis 1992, est sans aucun doute la raison principale de tous les maux rencontrés depuis. En acceptant l'été dernier de céder son coach à la Juventus, le président Riccardo Garrone a tout déclenché. En perdant aussi son directeur général Giuseppe Marotta, c'est tout un État-major qu'il a dû recomposer, à la hâte. Pas la meilleure façon de préparer un retour en Ligue des champions, qui s'est du reste conclu par un fiasco en plein coeur du mois d'août (élimination face au Werder Brême en prolongation).

L'autre explication de cette vertigineuse dégringolade est la mauvaise campagne de recrutement. Après le retour de prêt au Milan de Marco Storari, le gardien faiseur de miracles, et un début de Championnat plutôt honnête (6e place après 15 journées), la chute s'est accélérée durant l'hiver avec les ventes des deux stars, Antonio Cassano et Giampaolo Pazzini, auteurs de 32 buts à eux deux la saison passée. Un clash avec son président qu'il a traité de «sale vieux» a d'abord mis fin à la belle histoire de l'enfant terrible du foot italien avec la Samp'. Un gros chèque de 19 millions d'euros, bienvenu dans l'optique de la construction d'un nouveau stade, a lui fini par convaincre Garrone de lâcher son buteur prodige. «Il voulait quitter le club, a alors justifié le riche industriel aux commandes depuis 2002. Il était difficile de résister aux avances de l'Inter». Malgré les arrivées tardives de Maccarone, Macheda et du Français Biabiany, l'attaque génoise ne s'en est jamais remise. Pas plus que le nouvel entraîneur Domenico Di Carlo, limogé en mars au profit d'Alberto Cavasin, sans grand changement. A six journées de la fin dont quatre en déplacement, la Sampdoria n'a plus qu'un mois pour éviter la descente en Serie B, comme en 1999. Elle paierait cher pour que la roue tourne encore un peu plus vite.